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NUTRITION ANIMALE Garder le moral malgré la décroissance

L’alimentation animale souffre de la décapitalisation, que ce soit pour les aliments complets ou pour les aliments minéraux et les blocs à lécher.

La décapitalisation des cheptels inquiète le secteur de la nutrition animale autant, voire plus, que les épisodes conjoncturels de sécheresse ou les épizooties. La forte baisse des volumes de 2022 ne se compense pas en 2023, mais la nutrition animale renforce ses actions au service de l’élevage et veut faire reconnaître ses contributions positives.

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La production française d’aliments pour animaux a souffert en 2022, perdant 6,6 % en volume, soit plus que la moyenne européenne, mais un recul proche de celui des deux premiers : l’Espagne (- 5 %) et l’Allemagne (- 5,9 %). Plusieurs facteurs ont lourdement joué : l’influenza aviaire, qui a frappé non seulement le Sud-Ouest mais aussi les Pays de la Loire ; la décapitalisation des cheptels bovins et porcins ; et l’inflation, qui a modifié le comportement des consommateurs, comme constaté au niveau du segment bio avec 638 200 t (- 12 % par rapport à 2021).

En minéraux, la tendance 2022 est logiquement assez similaire avec - 9 % pour les prémélanges, qui se tiennent malgré tout à l’export, représentant désormais 40 % des 143 000 t de la production française, - 4 % pour les blocs à lécher (40 000 t) et - 4 % pour les aliments minéraux standards (322 000 t), même si les aliments liquides ont été entraînés à la hausse par la sécheresse (+18 % à 74 000 t).

Pas mieux pour 2023

Pour les quatre premiers mois de l’année 2023, la tendance générale reste à la baisse avec un recul de 4,8 % par rapport à la même période l’an dernier. En bovins (- 2,2 %), les aliments pour vaches laitières résistent mieux (- 0,9 %), la volaille est contrastée (- 0,1 % en pondeuses, - 7,7 % pour les poulets) et les aliments pour porcs (- 6,6 %), lapins (- 9,5 %) et l’allaitement (- 15 %) continuent de se contracter fortement.

Au final, la France tient toujours sa troisième position dans l’UE et montre de vraies performances à l’exportation, notamment sur son segment aliments complémentaires, prémix et additifs. Mais, tempérait Michel Layus, président de l’Afca-Cial, le 14 juin dernier, lors de l’AG du syndicat représentant les entreprises spécialisées dans la complémentation de la nutrition, « ce serait une erreur de délaisser l’élevage européen pour se concentrer uniquement vers l’international, là où la consommation de produits animaux augmente. La révolution agricole et agroalimentaire qui est engagée est une extraordinaire opportunité pour les métiers de la nutrition animale. »

Réduction de l’empreinte carbone

Les Innov’Space 2023, prix de l’innovation du prochain salon de Rennes (du 12 au 14 septembre), donnent d’ailleurs une indication des axes de développement. Sur les 37 récompenses de cette année, 5 concernent directement l’alimentation animale : réduction des gaz à effet de serre, solutions alternatives pour la santé animale, efficacité des rations des ruminants et gestion des insectes comme source d’aliments pour les animaux sont repérées… Ainsi, DSM reçoit deux étoiles pour Bovaer 10 (réduction des émissions de méthane des ruminants), Idena affiche une étoile pour Forcix PY (solution alternative pour la gestion du risque Emeria et Clostridiumen en volailles), comme l’Institut de l’élevage pour Optim’al, outil de calcul de rations bovins économes et autonomes. À noter que deux outils de comptage de larves d’insectes sont primés : le Dosin’tec de Le Gouessant-Mutatex et le Porlarvae de Dilepix.

« Nous tenons le cap de la non-déforestation totale »

La contribution de la nutrition animale à la lutte contre le réchauffement climatique, que ce soit via la réduction générale de l’empreinte carbone (avec la proposition de modes de calculs), plus directement la réduction des émissions de méthane entérique, la nouvelle filière Valoralim pour la collecte et le recyclage des emballages vides de la nutrition animale (démarrée le 1er juillet) ou la lutte contre la déforestation, est variée. « Comme le montre Duralim, nous tenons le cap de la non-déforestation totale de nos approvisionnements de soja à échéance 2025, ainsi que nous en avons pris l’engagement en février 2022 », confirme Valérie Bris, directrice de la section Nutrition animale de La Coopération agricole. La question sera demain, d’une part, d’ajuster les choix collectifs des filières économiques depuis plus de cinq ans (mass balance) et des politiques récentes (traçabilité des graines) et, d’autre part, de voir quel impact l’évolution du cadre réglementaire européen va avoir sur les importations, notamment de volailles.

Remue-ménage dans les usines

En outre, plusieurs mouvements d’ajustement aux évolutions de tonnages sont engagés, comme la reprise en cours par Sanders des neuf usines d’aliments d’Axéréal et de celle de Talmont-Saint-Hilaire (Vendée) de Soufflet Agriculture ou, en Bretagne, la séparation de Terrena et d’Eureden dans leur filiale commune Nutréa. Terrena reprend les deux usines de Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine) et Landemont (Maine-et-Loire), Eureden conserve les trois usines Nutréa dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan, qui s’ajoutent à son dispositif de huit sites pour fournir ses adhérents. Certaines usines d’aliments connaissent des transformations profondes, en devenant des sites de production de matières premières. C’est le cas chez Maïsadour, où l’unité de Saint-Sever (Landes) est devenue un site de trituration de graines de soja (Graines d’Alliance).

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